samedi 27 novembre 2010

Arrivée à Ushuaia

Nous quittons aujourd'hui l'ami Brise de Mai, mais pas sans un dernier message pour ceux qui suivent Anaïs et Jean-Baptiste!

Nous aurons passé un peu plus d'un mois à bord, tout au long de la côte argentine. Petite étape pour eux, voyage immense et si intense pour nous..
Les paysages magnifiques, toujours sauvages et immenses,
les baleines qui nous saluent de la queue,
les lionnes de mer qui nous font la fête quand on arrive à un mouillage,
les pingouins qui faisaient peur à Anne-Laure,
les pieds et mains gelés,
la chance qu'on a eu avec les vents,
l'arrivée à l'Ile des Etats, grand rocher noir sous les étoiles,
les mouillages paradisiaques et les randonnées délirantes que nous avons découverts sur cette Ile! Ile que nous avons, tous les cinq je crois, vraiment adorée...,

le PHARE DU BOUT DU MONDE!!!,

la traversée du Détroit de Le Maire par 40 noeuds de vent, et une rafale à 52 noeuds!,
les sommets enneigés tout autour de nous dans le Canal de Beagle,
la lumière toujours changeante et belle,
les jours de plus en plus longs...
sont seulement quelques uns des points qui auront marqué notre séjour sur le Brise de Mai.

Ajoutez à cela de très bonnes bouffes, d'excellentes parties de UNO, des jeux où on chante plein de chansons et des discussions presque philosophiques qui s'étendent et s'étendent, pendant qu'Anaïs, bercée sans doute par tant de bonheur, s'endormait sur l'épaule de Jean-Baptiste, et vous aurez je crois un assez bon aperçu de ce qu'il s'est passé à bord pendant le dernier mois.

Vous comprendrez aussi que je retiens presque des larmes en attrapant mon sac, et cherche les bons mots pour exprimer UN IMMENSE MERCI à BRISE DE MAI, CAP'TAINE JB et ANAÏS!! et bon vent à tous les trois.. GRACIAS Y SUERTE!
 
Camille

jeudi 25 novembre 2010

Islas de los estados

Voici la véritable histoire de ce que nous avons vécu à l'Ile des états:

Dimanche, nous avons marché sur le corps des géants endormis...
Avions-nous vraiment mesuré les conséquences de ces rencontres?

Protégés par une palissade d'arbre qui borde l'océan, les créateurs du monde sont venus se reposer, fiers de leur grande oeuvre terrestre, pendant que Dieu quittait le jardin d'Eden pour le Paradis!
Du bateau, nous remarquâmes d'abord Ali al Maktoum dans son turban de pierre, le createur du Moyen-Orient qui somnole la bouche délicatement ouverte... la buée qui sort de sa bouche pendant sa lente respiration rappelle que l'antartique n'est pas loin! Entêtée au fier Ali, apparut alors la belle Rokia Koulibali, la femme noire, mère de l'afrique, qui ne dort que d'un oeil et surveille sa belle savane par delà l'océan atlantique!
Au Nord ouest, en levant la tête, il nous était impossible de manquer Nestor Alvarez, l'Européen, sûrement le premier à se coucher après avoir créé le vieux continent, saoul avec son gros nez, et s'endormant sur un frais oreiller de neige!
Entre Nestor et Ali, plus discret se cache le grand Patchacamac, qui façonna les Amériques à coups de soleil et de pluie. Il écoute la Cordière des Andes au delà du Détroit de Lemaire, lui souffler dans les vents d'ouest les nouvelles du nouveau monde.

L'idée nous vint que quelques trésors avaient été cachés sous leurs couches et, forbans que nous sommes, nous aurions bien eu tord de ne pas en profiter! Décidés, nous jettâmes la chaloupe à l'eau et profitant d'un passage ouvert par un petit torrent, nous nous attaquions non sans mal à la palissade... Après un bon moment d'escalade parmi les fougères, les pins penchés, les falaises et les troncs en décomposition, nous venions a bout de cette ensceinte que nul sentier ne traverse... Est-ce un enchantement ou la mouelleuse mousse de leur drap? Une belle lassitude invitant à la sieste éternelle nous envahissait pendant que leurs gardiens ailés vinrent tournoyer autour de nous... Ils nous toisèrent pendant plusieurs minutes et repartirent dans les airs faire leur rapport à leurs maîtres... Aussitôt après leur départ, nous bûmes de l'eau fraîche, nous avalames des céréales en bâton et nous repartimes vers le sommet le plus proche!
De la première des trois tours (Mont de los tres torres), nous vîmes ce que nous cherchions. Sur la côte Ouest du fjord de Puerto Parry dort la sorcière du mont Fitton! J'avais vu en songe que les poils de son nez (la seule partie bien visible d'ailleurs de son anatomie) étaient des herbes magiques mais nulle indication ne m'a été donnée sur leurs pouvoirs!
L'ascension n'était pas forcément aisée mais à la force des bras, nous nous issâmes sur sa protubérance, l'époustouflante vue de l'océan Atlantique au Nord et de l'océan Pacifique qui s'avance au Sud nous firent presque oublier de lui tirer les poils du Nez! Etant balayés par les vents à enrhumer un géant, nous nous glissâmes au bas du nez de la sorcière de peur que ne lui vienne un rhume et l'envie de se moucher!
Notre forfait accompli, fiers et exténués, nous rentrames par le chemin des lacs, remontames sur le bateau et débouchames une bonne bouteille de Whisky!

Je passe rapidement sur les jours suivants, où nous aperçûmes des dizaines d'autres géants... Lundi, nous avons dû réparer la grand voile déchirée de part en part, heureusement assez haut, là où elle n'est pas très large, puis Mardi nous sommes allés avec beaucoup d'émotions au phare du bout du monde, (nous sommes les premiers de la saison 2010-2011 à y être passé comme l'atteste le livre d'or), puis nous sommes passés Mercredi au Sud de l'Ile à contre courant, nous avons avancé très lentement, malgré des rafales de vent à plus de 40 Noeuds (70Km/heure, elles sont appelées ici du poétique nom de williwaws)... puis nous avons mouillé à Puerto Vancouver, une petite baie qui finit avec une jolie plage de sable gris! Elle est reliée par un Isthme à Puerto Cook, de l'autre coté de l'île avec un cimetière de marins et une grande plage de galets... un petit coin de paradis où les naufragés seront bercés pour l'éternité par le chant méditatif du va-et-viens de la mer sur des galets. Aujourd'hui le baromètre chûte d'heure en heure, malgré le grand ciel bleu, nous nous sommes réfugiés dans une petite crique, bien à l'abri, bien ammarés de part et d'autre à la falaise. Serait-ce la colère de la sorcière qui se prépare?

Ce recit date d'une semaine, couvre du 14 au 19 Octobre, la suite dans le prochain message!
Mathieu

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mardi 16 novembre 2010

DE PUERTO DESEADO A L'ILE DES ETATS

DE PUERTO DESEADO A L'ILE DES ETATS

Ode à nos sauveurs de Puerto Deseado

Puerto Deseado est le dernier port d'escale possible pour les voiliers qui naviguent vers Ushuaia. Dans ce port de pêche peu abrité, lorsque les vents de Sud et d'Ouest ont décidé de souffler, les manœuvres deviennent difficiles.

Le « Club Nautico » qui nous accueille est en fait un petit bateau pilote installé à quai, entre les immenses bateaux de pêche et parfois même les géants: les porte-conteneurs. Cette « launcha » à laquelle nous nous amarrons porte le nom d'une tribu indigène de Patagonie australe: la « Yamana ».

Miguel et Jorge nous attendent à bord de la launcha. Jorge reste 24heures, avant d'être remplacé par Enrique son acolyte, et ainsi de suite. Nous profitons ainsi de leur compagnie et de leur rassurante présence à nos côtés sans discontinuer. Leur aide s'est d'ailleurs révélée indispensable à bien des moments...! Nous leur dédicaçons ces vers:

L'arrivée d'un porte-conteneurs menace nos journées.
Les abords du Yamana nous devrons quitter,
Pour le laisser manœuvrer, dans l'anse étriquée,
Devant les rochers, nous devrons aller mouiller.

Viendra ce soir? Viendra pas?...Demain??

Dans la nuit noire, le signal est donné, enfin.
Pluie glaciale, vent puissant, et au ventre la faim;
Mais qu'à cela ne tienne, nous n'avons peur de rien..
La bouée et l'encre tiendront-ils contre les embruns?

« Ayuda! Ayuda! Enrique! No motor! Las rocas! »

Grâce à la VHF, Anaïs lance l'appel,
La vilaine amarre dans l'hélice s'est fait la belle;
Plus d'moteur, plus de bouée, et les courants sont tels,
Brise de Mai... les rochers... l'angoisse est naturelle!

Miguel et Enrique, agités sur le pont
Du Yamana, vite vite, des bouts nous échangeons;
Et très bientôt à quai, ils nous ramèneront.
Grâce à eux moins de mal, que d'intenses émotions!

Il ne restera plus à Jean-Baptiste qu'à plonger demain matin pour débloquer le bout coincé dans l'hélice du moteur. L'eau est à 7°, l'air à 9°!!!!!.... Et entre parenthèses, le porte-conteneur n'arrivera que demain soir. Allez JB!! T'es trop fort!!


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Le processus ascensionnel

Nous devons passer la pointe, celle de cette satanée Ile aux Pingouins, qui influe sur les vents à contre courants et crée une houle délirante.
La volonté est très souvent de rigueur en navigation, mais elle peut s'avérer impuissante lorsque le processus ascensionnel a déjà été déclenché. Trop tard, les filières nous appellent...
Dans ces moments, chaque mouvement, chaque action aussi minime qu'elle soit, représente une épreuve qu'il faut calculer longtemps à l'avance.
C'est alors que le regard, le sourire, l'aide de nos équipiers est une main tendue qui nous réchauffe le cœur et nous donne de la force.
A côté de cette solidarité, de cet esprit d'équipe, il y a le vent dans les voiles, Brise de Mai qui file, les couchers et levers de soleil magnifiques et à jamais uniques, les dauphins et leurs sauts si toniques, les mers d'étoiles et l'océan infinique...
Toutes ces choses omniprésentes nous rappellent les raisons de notre présence ici, maintenant, et la certitude de ne vouloir être nulle part ailleurs.


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Terre en vue!

Après quatre jours de navigation, nous arrivons à 2heures du matin sur la côte nord de l'Isla de los Estados. Cette île inhabitée et tellement sereine, à 18 miles de la pointe de la Terre de Feu, est la prolongation de la Cordillère des Andes. Un bout de terre sauvage si proche de l'Antarctique.
La nuit est noire, le ciel rempli d'étoiles, et la terre une masse noire au relief escarpé. Chacun à son poste: Anaïs à la barre, Jean-Baptiste au radar, Mathieu se repose un peu après avoir tenu son quart. « Qui voit quelque chose? ». Nous sommes toutes les deux à l'avant. Nos yeux s'habituent à l'obscurité et nous pouvons donner la direction. « Là, un peu plus à droite! Nous pouvons jeter l'ancre devant cette petite plage ».
Nous devinons des arbres sur les versants de l'Ile. Enfin! Un mois de voyage en Patagonie ne nous a pas donné l'occasion d'en voir beaucoup! Demain, nous gonflerons l'annexe, et partirons découvrir cette Ile aux trésors, escale tant attendue...


Anne-Laure et Camille

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mardi 9 novembre 2010

Météo capricieuse

Ola Amigos!
Le Brise de Mai attend la bonne fenêtre météo pour aller en Terre de Feu, le temps pour moi de vous préparer des vidéos sur nos amis les animaux qui se pressent nombreux pour venir admirer notre bateau. Après la magnifique Caleta Horno, nous avons mouillé devant l´Isla Tova qu´on aurait pu appeler l´île aux pingouins. Nos petits amis hauts comme 3 pommes sont vraiment très drôles a regarder. Je passerai sous silence qu´une de nos équipières a peur des pingouins. Pourquoi?c´est un mystère. S´ensuivit une traversée de 300km pour rejoindre Puerto Deseado, "Le port désiré2, 15.000 habitants, et le réconfort de revoir enfin d´autres êtres humains, la civilisation, internet, telephone, pub, tout quoi...

A bientot

Jean-Baptiste

Nos videos:
http://www.dailymotion.com/video/xfkfxc_isla-tova_travel
http://www.dailymotion.com/video/xfkome_peninsula-valdez_travel

mercredi 3 novembre 2010

Nos amies les bêtes

Nous sommes arrivés à Puerto Madryn accompagnés de dauphins et jets lointains de baleines. Nous débarquons au Yacht club de Puerto Madryn en annexe, sur une plage végétale où un tracteur vient nous tracter l'annexe dans le yacht club. Nous retrouvons Camille et Anne-Laure qui continuerons la navigation avec nous jusque Ushuaia et partons rencontrer la faune de la Peninsula Valdez: pingouins, éléphants de mer, baleines, guanacos (espèce de lamas), nandus (espèce d'autruche), tatus, moutons.... les animaux ne manquent pas.
Le vent s'est levé Mardi matin et nous prévoyons un coup de vent pour l'après midi, nous n'avons pas été deçus, à la sortie du Golfo Nuevo, des vagues de plus de deux mètres, les baleines nous disent au revoir par des sauts magistraux!Première journée un peu difficile pour les filles pour qui c'est la première nav'... je suis surpris je commence à bien supporter la mer! Après 20 heures de navigation fatiguante, nous pensions remettre l'équipage d'aplomb à Punta Tombo, au milieu d'une colonie de pinguins... La baie est chahutée, les pinguins sont cachés, nous sommes repartis pour l'après midi vers Puerto Santa Elena!!!
Après une bonne nuit réparatice, nous partons pour une petite rando, Puerto Sant Elena n'a pour port que le nom, c'est une plage perdue au milieu de nul part à une dizaine de bornes du phare de San José, perdu lui aussi au bord de l'atlantique... la pampa aride, les arbustres ne dépassent que rarement les 50 centimètres et sont broutés par les moutons. Quelques lézards et surtout un magnifique duo de chouettes se dérobent à notre passage... Le temps d'un petit dessin, certains vont voir et même se baignent près des lions de mer (otaries) qui nagent dans la petite baie au pied du phare!
Rentrés un peu tard de la rando nous décidons d'aller passer la nuit à Caletta Sara, un petit bras de mer dans lequel se niche un club de pêcheur... douches chaudes! Ici une colonie de lion de mer femelles, très curieuses, se sont appropriées la baie! A peine avons nous jeté l'ancre qu'elles viennent inspecter toutes les parties émergées du bateau, puis l'annexe gonflable que nous mettons à l'eau! Elles sortent la tête de l'eau chaque fois que l'on sort sur le pont pour voir qui est là! Très expressives, une me fait penser par un petit hochement de tête interrogateur à la petite boule de poils qui squatt mon canap'...
Jeudi, la marée est montante l'après midi, n'ayant pas d'information claire sur les courants, nous faisont le pari que le courant sera Ouest Est lorsque la mer monte et qui nous tirera dans le canal Léones jusqu'à un petit mouillage au Nord de l'ile du même nom. Une bande de dauphins artistiques nous accompagne juste avant le canal. Ils jouent avec l'étrave puis dépassent le bateau pour faire un concours de sauts sur l'avant, la palme sera decernée à celui qui se fait une joie de taper avec sa queue sur la vague juste devant le bateau, les places d'honneur pour les trois dauphins qui nous rejoignent de face avec des sauts plus hauts que les vagues... un spectacle juste magique!Nous arrivons au canal Leones: Pari Perdu! nous affronterons sans vent, au moteur, un courant à contre de la houle qui creusera les vagues... aucune ne déferlera sur le Brise de Mai! Il est vraiment stable ce bateau et nous amenera presque à sec dans la petite baie!
La nuit, le vent tourne au Nord, le bateau tangue, l'alarme du GPS retentit au point du jour, le vent nous pousse vers les roches de la plage. Si la marée descent encore, nous irons probablement toucher, il est temps de lever l'ancre... Pas facile, c'est le premier mouillage où nous nous étions amarré à la côte, par une sortie digne d'une épreuve de fort boyard, Anne-Laure va décrocher l'amarre et saute dans l'annexe gonflable, tin tin tin tintin tin tin tin tinnnnnnnnnn tin tin tintin tin tintin tatatatatin... elle a l'indice et revient à la force des bras...Il est grand temps de se diriger vers la caleta Horno pour de nouvelles aventures, parait-il le meilleur mouillage de la région...
Effectivement, nous arrivons dans un petit fjord bien abrité de la houle. Cependant il y a pas mal de vent et de courant, pas possible d'aller mettre les deux amarres necessaires à la rame... JB nous prette le moteur. Cool! c'est la première fois que je fais de l'annexe tout seul... mission accomplie on rentre au bateau... le moteur cale... pas moyen de faire avancer l'annexe sans que le moteur cale à nouveau! nous sommes poussés par le courant... ce coup-ci, c'est Kolanta! Pendant une heure et demi Camille et moi nous relayons pour tirer l'annexe à terre pendant que l'autre l'empèche de frotter contre la roche sous les cris d'encouragement périodique du Brise de Mai! Arriver à l'amarre que nous avions accrochée, nous nous laissons glisser, guidés par l'odeur de la quiche qui sort du four! L'après midi ce sera ballade dans les canyons et collines, les Guanacos se sauveront à notre passage pendant que des oiseaux que l'on imagine être des condors surveillent notre annexe laissée sur la plage!
Voilà on est dimanche, petite grasse mat' bien méritée, nous repartons à l'instant pour 15 miles vers ce que le guide dit être un petit paradis,...
Mathieu
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