mercredi 29 juin 2011

Course avec les baleines

Nous quittons la Polynésie Française, et nous sommes déjà nostalgiques ! Mais il faut continuer : au menu, une traversée de 1260 milles vers le Royaume de Tonga. Nous suivons le rythme des alizés, douce petite brise qui devient jolie brise le lendemain, puis forte brise sportive, nous poussant de plus en plus vite : 144 milles, 153 milles, 158 milles... Le soleil n'est pas trop timide, quelques cumulus nous donnent des grains, bref tout va bien.
Tout à coup, une vague bizarre, très bizarre ! Un rouleau plus grand que les autres ? Non, c'est une baleine qui surgit juste à côté de nous et nous arrose de son souffle ! Ce sont en fait deux baleines et un baleineau, qui vont nous suivre nuit et jour pendant 3 jours ! Elles jouent avec le bateau, arrivant par le côté, passant juste en dessous de la quille et réapparaissant de l'autre côté, ou se plaçant juste devant le bateau. Comme le bateau surfe sur les vagues à grande vitesse, et que notre direction n'est pas très stable, nous rattrapons parfois la baleine qui doit alors remuer son énorme queue à quelques mètres de nous pour s'éloigner ! On a parfois bien peur qu'elles nous envoient valser ! Mais il n'y a aucun incident à déplorer. Elles ont même évité notre ligne de pêche et notre hydrogénérateur qui traînent derrière. Au bout de 3 jours, finalement nous sommes trop lents pour les baleines, qui poursuivent leur chemin sans nous attendre.
Entre-temps, nous croisons deux voiliers, ou peut-être deux fois le même, et un avion de l'armée néo-zélandaise qui nous a rasé avant de nous demander de nous identifier par VHF (en effet nous passons près de 2 petites îles appartenant à la Nouvelle-Zélande). Que de compagnie !
Nous avons eu une météo excellente pendant 8 jours, mais avons été moins bien accueillis pour la dernière demi journée, avec le passage d'un front et un grain qui nous a couché à 50 noeuds, alors que nous étions toutes voiles dehors ! On s'en est sorti complètement trempés jusqu'aux os. Finalement nous sommes arrivés 5 minutes avant la nuit noire à Tonga, fatigués de notre dernière journée mais bien contents de cette belle traversée. 1260 milles en 8 jours, pas mal !
Une dernière surprise nous attend cependant à l'arrivée : en effet, il nous manque un papier pour la douane. Le douanier nous dit qu'il nous donne 1 jour, ensuite il faudra retourner à Tahiti chercher le papier ! Finalement, nous réussissons à arranger notre problème et le lendemain, c'est bon, nous sommes admis dans le Royaume de Tonga.

Jean-Baptiste

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lundi 20 juin 2011

Parau api no Bora Bora e Maupiti

Bora Bora ! Un nom qui fait rêver, une destination idyllique pour les p'tits couples en voyage de noces. Une île qui parait déja mystérieuse et magnifique vue du large avec ses reliefs inégaux.
Nous arrivons après une petite nav' tranquille dans le lagon de Bora Bora, nous nous amarrons à une bouée du Yacht Club et partons à pieds à la découverte de l'île. Nous décidons de nous attaquer au sommet de l'île. Par 4 fois nous nous perdons alors que nous n'avons pas encore monté 100m. Puis Jean-Baptiste trouve le petit chemin bien caché et l'ascension commence. Nous arrivons à un col avec un joli petit point de vue sur le lagon et poursuivons par un autre chemin qui doit nous amener en haut de la montagne. Là encore, nous nous perdons un bon nombre de fois, pour enfin finir plantés face à une falaise à escalader (mais de la vraie escalade) avec un nombre incroyable de moustiques qui nous attaquent (ou plutôt qui m'attaquent, puisqu'ils ont toujours tendance à me préférer). Bref, est-ce la falaise ou les moustiques ou les 2 ? nous finissons par faire demi-tour et nous contenterons de la petite vue du col.
Nous continuons notre visite par la pointe sud, Matira, "le coin à touristes". Très belle plage de sable blanc, eau bleue translucide, petite pause apaisante et... mais où sont tous ces touristes dont on nous a tant parlé?
En regardant bien, nous voyons plusieurs hôtels de luxe fermés et laissés à l'abandon. Le Bora Bora hôtel, l'un des plus luxueux il y a 10 ans en fait partie. "En rénovation" nous dit le gardien, mais pas un seul ouvrier ni échafaudage. Juste des huttes qui se dégradent. Des français qui travaillent ici nous expliqueront que Bora Bora a perdu 100.000 touristes annuels ces 10 dernières années.
Où est donc passé alors la mythique Bora Bora? Nous sommes contents de ne pas nous battre pour un carré de serviette mais ces bâtiments vides laissent comme un sentiment de tristesse.

Au mouillage, nous sommes une dizaine de voiliers. Nous rencontrons Blue Heron, un voilier américain que l'on a croisé plusieurs fois depuis l'île de Paques et qui compte poursuivre une route proche de la nôtre jusqu'aux Caraibes avec les mêmes dates. Un nouveau compagnon pour un bout de chemin !

Nous partons découvrir le lagon avec le Brise de Mai et mettons l'ancre devant le motu Tapu, petit îlot isolé avec des eaux pleines de dégradés turquoise et à nous tous seuls. Parfait ! Nous explorons les fonds et profitons des plages de ce petit motu si calme et beau à la fois. Nous apprendrons ensuite que ce motu est privé et appartient au Hilton. La classe !

Une fenêtre météo pour partir aux îles Tonga s'annonce pour samedi. Il faut donc partir pour avoir le temps de visiter notre dernière escale polynésienne, Maupiti. 25 milles de moteur et nous approchons la passe d'entrée du lagon, mais nous ne voyons pas de passage. Il y a bien des balises mais il y a aussi des énormes rouleaux ! Nous continuons d'avancer et voyons enfin un petit passage entre les déferlantes. Nous avalons notre salive et avançons délicatement entre les rouleaux de 5m. Les pirogues et pêcheurs présents nous regardent, le coin est réputé pour les naufrages. Mais nous voilà finalement dans ce lagon d'eau claire avec au centre l'île de Maupiti surplombée par les falaises de 300m.
L'île est très paisible, avec son petit village aux habitants chaleureux et souriants, ses falaises qui invitent à la contemplation et sa petite plage de sable blanc. Nous apercevons autour de l'île quelques raies mantas qui s'enfuient à l'approche du bruit de l'annexe. Nos soirées sont bercées par les chants de la chorale qui répète devant la mairie chaque soir, puis sont ensuite rythmées par les percussions d'un groupe de villageois qui jouent pour les danseuses tahitiennes qui répètent La danse de la Vahine.

Nous escaladons la falaise où la vue sur le lagon est magnifique. De là haut, nous voyons très bien les différentes couleurs que créent le corail et la variation des fonds. Nous sentons une petite brise. C'est le vent d'est qui approche pour nous pousser bientôt vers de nouveaux horizons. Destination: les îles Tonga.

Anaïs

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mardi 14 juin 2011

Ia maita'i to oe tere

Nous découvrons successivement les îles de l'archipel de la Société : d'abord Moorea, la petite soeur de Tahiti. C'est l'escale de rêve telle qu'on se la représente : nous mouillons dans la baie de Cook, au pied des pics vertigineux. Nous en prenons plein les yeux. Nous allons ensuite dans la baie d'à côté, juste devant la plage. Nous jetons l'ancre dans une eau bleu turquoise, nous allons sur la plage, masques et tubas en poche. Heureusement, pas de requins ici.

Nous partons pour une nav' de nuit, et comme nous ne sommes plus que deux à bord nous devrons économiser nos heures de sommeil. Finalement, la nuit se passe pas trop mal, même si nous sommes un peu ballotés par un orage, pendant le quart d'Anaïs bien sûr ! Nous arrivons dans les îles Sous le Vent, et Huahine en est la première île. Contrairement à Moorea, proche de Tahiti et donc un peu surpeuplée, Huahine ne compte que 5000 habitants et presque pas de tourisme. C'est plutôt la jungle ici, avec seulement une route qui fait le tour. La météo est un peu moins de la partie, avec pas mal de nuages pluvieux et de vent qui nous découragent d'explorer l'intérieur de l'île.

Tahaa est notre escale suivante : elle est surnommée l'île de la vanille, car elle produit 80% de la vanille polynésienne. Cette île a une jumelle plus grosse et plus peuplée, Raiatea, qui fait partie du même lagon. Nous franchissons la passe d'entrée. Tahaa est en forme de cercle, mais un espèce de fjord la traverse jusqu'à son centre. Il parait que c'est un abri sûr en cas d'ouragan ! Nous n'attendons pas d'ouragan, mais nous y allons quand même car ainsi nous serons au centre de l'île pour mieux l'explorer. Nous traversons une partie des montagnes pour atteindre un beau point de vue. C'est le paradis du fruit : bananes et papayes poussent en quantité industrielle dans la montagne. Nous trouvons aussi des litchis, des fruits de la passion, des pamplemousses. Malheureusement pas de citrons. Des locaux que nous croisons veulent nous donner encore plus de litchis. Mon dos commence à peser lourd ! Nous voyons des cultures de vanille, mais sous abri cadenassé ! Sa culture est compliquée et demande la main de l'homme. Nous redescendons ensuite vers Patio, de l'autre côté de la montagne, et faisons du stop pour rentrer au bateau. Le lendemain, nous nous prévoyons un agenda de ministre : nous partons à 7h00 pour un "motu" à l'ouest de Tahaa. Un motu, c'est une île formée par la barrière de corail, sur les bords de l'atoll. Seuls quelques cocotiers y poussent, ainsi que les cahutes touristiques "carte postale". En effet on nous a parlé d'un endroit appelé les "jardins de corail". Nous allons donc explorer cet endroit. Il s'agit d'une vaste étendue d'eau très peu profonde, une sorte de labyrinthe de corail parmi lequel nous devons trouver notre chemin à la nage, tout en explorant les fonds. Des multitudes de poissons se cachent, nous suivent ou viennent nous voir. Des gens que nous rencontrons là nous donnent un bout de pain : d'un coup, c'est des milliers de poissons multicolores qui se jettent sur nous pour nous picorer le pain, et la main au passage. Même sans le pain, les poissons continuent à regarder nos mains et à nous suivre quelques temps. Le soleil rend l'eau d'une clarté limpide, nous voyons parfaitement, ce qui nous permet au passage d'éviter les oursons aux aiguilles immenses. Le suite du programme de cette journée, c'est Bora Bora, dont nous voyons déjà la silhouette juste en face. Mais nous vous le raconterons dans notre prochain message !

Jean-Baptiste

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mercredi 8 juin 2011

Te Fenua Tahiti

Nous sommes heureux d'arriver à Tahiti. Cette arrivée marque une nouvelle étape dans notre voyage, Brise de mai a besoin d'un nouveau safran et nos réserves alimentaires commencent à être déprimantes.

Ici, on change totalement de paysages: des bandes de cocotiers au ras de l'eau aux Tuamotus, nous passons à une grande île de 2241m d'altitude, recouverte de verdure et urbanisée.
Dès l'arrivée, nous n'avons qu'une idée en tête, aller au plus vite dans la ville de Papeete pour refaire connaissance avec la civilisation, boire une bonne bière en terrasse, manger aux roulottes (baraques à frites d'ici, qui servent chinois, crêpes, grillades).

Nous découvrons vite le supermarché Carrefour près de la marina. Un Carrefour ! Nous y avons passé plus de 2 heures à admirer dans les rayons tous les produits impossibles à trouver auparavant. Le rayon fromage aura été notre pire supplice ! Ils sont tous là, mais rares sont ceux dont le prix est abordable.
Une fois les estomacs contentés, il est grand temps de s'occuper de Brise de mai. Nous allons le lever afin de lui offrir un nouveau safran et un bricolage de printemps.

Au bout d'une semaine nous réalisons que nous n'avons toujours pas visité Tahiti. Nous partons donc pour l'ascension de l'Aorai, l'un des plus hauts sommets de l'île, à 2060 mètres. Le chemin commence par une route en pleine forêt puis il continue un petit chemin de terre en serpentin pour nous amener à une suite de crêtes qu'il nous faudra parcourir. Mieux vaut ne pas regarder en bas car les pentes autour de nous sont vertigineuses.
Après 7 heures de marche et des jambes bien douloureuses, nous arrivons au refuge à 1800m. C'est ici que nous prévoyons de dormir, avec nos petits duvets d'été. Mais l'altitude a raison des températures tahitiennes. C'est donc une nuit grelottante que nous avons passé !
A l'aube, il nous reste 200m à grimper. Les nuages présents depuis la veille s'écartent pour nous laisser contempler la magnifique vue sur Papeete et Moorea, et nous laissent même entrapercevoir l'Orohena, point culminant de Tahiti.

Nous rentrons épuisés et nos jambes vont être douloureuses un bon moment, mais il faut se remettre au bricolage car la liste est encore longue ! Le safran va finalement prendre 2 semaines à être livré. Le moral est au plus bas à bord : vivre au milieu du chantier est très bruyant et poussiéreux, et notre liberté de navigation nous manque.
Nous repartons donc visiter l'île : la plage de Punaauia, la marina Taina où nous rencontrons beaucoup d'équipages de voiliers croisés auparavant. Histoires de marins autour d'un verre toute la soirée !
A l'est, nous allons voir le trou du souffleur (un trou où l'eau de la mer s'engouffre et ressort violemment en éjectant de l'air et de l'eau). Nous visitons également 3 cascades au bout d'une petite promenade. La baignade est tentante mais les moustiques nous précèdent et nous fuyons le lieu à toute vitesse.

Lundi 6 juin : le safran est livré. Enfin nous pouvons partir ! Nous retrouvons notre liberté et partons directement pour l'île voisine, Moorea. La mer est agitée avec la houle qui croise en tous sens. J'ai un peu le mal de mer, mais aucune importance, puisque Brise de mai navigue à nouveau et nous emmène vers de nouvelles découvertes.

Anaïs