jeudi 20 janvier 2011

Le dedale des canaux de Patagonie

Nous passons le canal Cockburn avec un rayon de soleil inattendu, et nous voyons s'évanouir derrière nous les dernières images de la Terre de Feu. Dans ce dedale de canaux, nous choisissons la route la plus courte pour rejoindre le détroit de Magellan : et pourtant ce n est pas la ligne droite ! Une carte de la Patagonie "normale" ne montre qu une petite fraction de toutes les îles existantes. En realite les îles et les embranchements se succedent les uns apres les autres et le ciel toujours changeant envoie des grains qui bouchent parfois totalement la vue. Nous avons donc en permanence l oeil fixe devant l etrave du bateau, cherchant constamment le paquet d algues qui trahirait un recif. Nous avancons autant que possible pendant notre courte fenêtre météo, ne nous arrêtant que quelques heures pour dormir le long du canal. Le lendemain nous atteignons le fameux détroit de Magellan, et entre deux grains nous sommes parfois éblouis par quelques rayons de soleil, qui nous dévoilent les montagnes magnifiques qui nous surplombent.

Devant nous un corridor majestueux mene tout droit au Pacifique, apres une ligne droite de plus de 150 kilometres. Ici les dépressions des "50eme Hurlants" viennent les unes après les autres s'écraser contre la cordillère des Andes. En d autres termes, plus on s'approche du Pacifique, plus la pluie est continuelle, et plus le vent est fort. Nous devons patienter encore un jour à notre mouillage, et le lendemain nous avons de la chance : l'oeil d'une dépression passe au dessus de nous ! C'est donc pendant ce calme precaire que nous quittons les eaux houleuses et menacantes du Magellan pour nous refugier dans les eaux plus abritées du Canal Smyth. Nous trouvons un bon abri dans la Caleta Teokita, dont l'entrée est un bras de mer qui se rétrécit à une dizaine de mètres de large ! A l'intérieur, le plan d'eau est d'un calme absolu, et nous pouvons souffler, heureux d avoir pu passer tous ces endroits mal fames sans encombres.

Mais déjà nous sommes impatients d'arriver à Puerto Natales : pour atteindre cette ville, il nous faut passer par un incroyable enchevetrement de canaux qui nous fait traverser toute la cordillère des Andes. Pour nous c'est un choc : tout d'un coup les montagnes disparaissent, et nous nous retrouvons face à un paysage plat qui nous rappelle la pampa de l Argentine.

C'est donc un peu désorientés et après 15 jours de solitude absolue, que nous retrouvons la ville. Pendant cette étape, nous avons constaté une avarie de safran, et il nous faut contacter un chantier naval à Valdivia pour réparer avant la traversée du Pacifique. Nous ravitaillons avant de repartir d'ici quelques jours avec la maman d'Anaïs.

D autre part, nous avons enfin pu telecharger toutes les photos de l Antarctique :
http://www.flickr.com/photos/brisedemai/sets/72157625729395677/

Et bien sur nos photos de Patagonie :
http://www.flickr.com/photos/brisedemai/sets/72157625737707983/


Jean-Baptiste

jeudi 13 janvier 2011

Derniers milles en Terre de Feu

Voilà une semaine que nous parcourons les canaux du Chili. La navigation ici n'est pas vraiment pour les voileux. C'est au moteur que nous avançons pour 90% du temps; le vent et les courants s'engouffrent dans les canaux et nous repoussent.
Nous nous précipitons donc entre chaque coup de vent pour avancer le plus possible tout en s'arrêtant aux mouillages incontournables de la région.
Notre première étape est Caleta Ferrari où se trouve une estancia (ferme) mais malheureusement personne n'y est. Une ballade sur les chemins marqués par les chevaux nous ferons découvrir des paysages magnifiques, un bras de mer qui continue au milieu des prairies et bosquets.
Ensuite, nous continuons vers le Brazo Noroeste, canal qui donne accès à plusieurs glaciers de la Terre de Feu. Nous entrons d'abord dans le "Seno Pia" qui nous fait découvrir ses quatre magnifiques glaciers donnant sur la mer au milieu d'une eau turquoise.
Le lendemain, nous faisons le "Seno Garibaldi" au bout duquel se trouve un énorme glacier qui rejette beaucoup de glaces. Naviguer entre les glaces a comme un rappel d'Antarctique!
Chaque arrêt suivant sera dicté par le vent: on continue plus loin s'il ne se lève pas encore, on s'arrête s'il se lève plus tôt que prévu. Les dépressions néanmoins nous bloquent régulièrement.
Hier, à raison d'un lever très matinal (4h) pour profiter d'une accalmie, nous parvenons enfin au dernier mouillage en Terre de Feu: Caleta Brecknock. Ce mouillage est tout au bout d'un bras de mer surplombé d'immenses montagnes de granit. Une ballade nous fera découvrir lacs et cascades au milieu d'une végétation de mousses et rares arbustes dans un calme absolu. Nous nous sentons seuls au monde dans ce lieu magnifique.

A nouveau nous attendons qu'une depression passe pour continuer notre route.
Prochaine étape: Detroit de Magellan

Anaïs

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jeudi 6 janvier 2011

En route pour les tropiques !

Le 25 décembre, nous repartons pour la Terre de Feu. Le passage de Drake ne l'entend pas de cette oreille, et nous envoie des vents contraires pendant toute la traversée. C'est donc fatigués et au moteur que nous arrivons en vue du Cap Horn. Cette fois-ci nous passons juste devant le fameux Cap. Comme d'habitude, le vent forcit à son approche, mais cela ne nous empêche pas de trouver un refuge juste derrière, à Caleta Martial. Nous sommes bien contents d'être arrivés ! D'autant plus qu'une tempête est prévue pour le lendemain. Elle arrive, soufflant en rafales violentes, et nous rappelle la tempête que nous avions eu à l'aller. Nous n'avons plus assez de gasoil pour rentrer en sécurité jusqu'à Puerto Williams : heureusement un capitaine d'un autre bateau nous avait dit qu'il passerait le Nouvel An au Cap Horn. Nous réussissons à le contacter pour qu'il nous dépanne de 2 bidons. Nous passons le réveillon au même mouillage, mais impossible d'aller voir nos voisins à cause du vent. Nous tentons de gonfler l'annexe, mais elle ne tarde pas à se retourner à cause des violentes rafales. Tant pis, on se reverra à Puerto Williams. Nous établissons une stratégie pour récuperer les bidons de gasoil, et finalement tout se passe bien. Le 1er janvier, notre compagnon de mouillage part pour Puerto Williams. Nous sommes un peu sceptiques car le vent souffle toujours très fort, avec des rafales à 100km/h au mouillage ! Nous le suivons quand même, et finalement, dès que nous nous éloignons un peu plus du Cap Horn, le vent se calme et nous pouvons faire route à la voile. Un mauvais coin, ce Cap ! Le 1er janvier au soir, nous revenons à notre point de départ, Puerto Williams.

Puerto Williams, c'est le yacht club le plus austral du monde : les bateaux vont et viennent sans arrêt, et à chaque mouvement, tout le monde sort sur le pont pour accueillir les nouveaux, ou souhaiter bon voyage à ceux qui partent affronter les éléments. Tout le monde connait tout le monde, et on suit les mouvements des autres bateaux sur la VHF (la radio). On ressent vraiment que chaque voyage est une aventure dans ce coin-là, et on apprécie vraiment la solidarité de cette petite communauté de navigateurs. Nous nous préparons pour partir, Henri va nous quitter ici, nous continuons tous les deux.

Pour nous c'est la fin d'une étape, l'Antarctique ; c'est aussi la fin d'une étape plus grande, car nous remontons maintenant plein nord vers les tropiques !

Jean-Baptiste

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