Dimanche, nous avons marché sur le corps des géants endormis...
Avions-nous vraiment mesuré les conséquences de ces rencontres?
Protégés par une palissade d'arbre qui borde l'océan, les créateurs du monde sont venus se reposer, fiers de leur grande oeuvre terrestre, pendant que Dieu quittait le jardin d'Eden pour le Paradis!
Du bateau, nous remarquâmes d'abord Ali al Maktoum dans son turban de pierre, le createur du Moyen-Orient qui somnole la bouche délicatement ouverte... la buée qui sort de sa bouche pendant sa lente respiration rappelle que l'antartique n'est pas loin! Entêtée au fier Ali, apparut alors la belle Rokia Koulibali, la femme noire, mère de l'afrique, qui ne dort que d'un oeil et surveille sa belle savane par delà l'océan atlantique!
Au Nord ouest, en levant la tête, il nous était impossible de manquer Nestor Alvarez, l'Européen, sûrement le premier à se coucher après avoir créé le vieux continent, saoul avec son gros nez, et s'endormant sur un frais oreiller de neige!
Entre Nestor et Ali, plus discret se cache le grand Patchacamac, qui façonna les Amériques à coups de soleil et de pluie. Il écoute la Cordière des Andes au delà du Détroit de Lemaire, lui souffler dans les vents d'ouest les nouvelles du nouveau monde.
L'idée nous vint que quelques trésors avaient été cachés sous leurs couches et, forbans que nous sommes, nous aurions bien eu tord de ne pas en profiter! Décidés, nous jettâmes la chaloupe à l'eau et profitant d'un passage ouvert par un petit torrent, nous nous attaquions non sans mal à la palissade... Après un bon moment d'escalade parmi les fougères, les pins penchés, les falaises et les troncs en décomposition, nous venions a bout de cette ensceinte que nul sentier ne traverse... Est-ce un enchantement ou la mouelleuse mousse de leur drap? Une belle lassitude invitant à la sieste éternelle nous envahissait pendant que leurs gardiens ailés vinrent tournoyer autour de nous... Ils nous toisèrent pendant plusieurs minutes et repartirent dans les airs faire leur rapport à leurs maîtres... Aussitôt après leur départ, nous bûmes de l'eau fraîche, nous avalames des céréales en bâton et nous repartimes vers le sommet le plus proche!
De la première des trois tours (Mont de los tres torres), nous vîmes ce que nous cherchions. Sur la côte Ouest du fjord de Puerto Parry dort la sorcière du mont Fitton! J'avais vu en songe que les poils de son nez (la seule partie bien visible d'ailleurs de son anatomie) étaient des herbes magiques mais nulle indication ne m'a été donnée sur leurs pouvoirs!
L'ascension n'était pas forcément aisée mais à la force des bras, nous nous issâmes sur sa protubérance, l'époustouflante vue de l'océan Atlantique au Nord et de l'océan Pacifique qui s'avance au Sud nous firent presque oublier de lui tirer les poils du Nez! Etant balayés par les vents à enrhumer un géant, nous nous glissâmes au bas du nez de la sorcière de peur que ne lui vienne un rhume et l'envie de se moucher!
Notre forfait accompli, fiers et exténués, nous rentrames par le chemin des lacs, remontames sur le bateau et débouchames une bonne bouteille de Whisky!
Je passe rapidement sur les jours suivants, où nous aperçûmes des dizaines d'autres géants... Lundi, nous avons dû réparer la grand voile déchirée de part en part, heureusement assez haut, là où elle n'est pas très large, puis Mardi nous sommes allés avec beaucoup d'émotions au phare du bout du monde, (nous sommes les premiers de la saison 2010-2011 à y être passé comme l'atteste le livre d'or), puis nous sommes passés Mercredi au Sud de l'Ile à contre courant, nous avons avancé très lentement, malgré des rafales de vent à plus de 40 Noeuds (70Km/heure, elles sont appelées ici du poétique nom de williwaws)... puis nous avons mouillé à Puerto Vancouver, une petite baie qui finit avec une jolie plage de sable gris! Elle est reliée par un Isthme à Puerto Cook, de l'autre coté de l'île avec un cimetière de marins et une grande plage de galets... un petit coin de paradis où les naufragés seront bercés pour l'éternité par le chant méditatif du va-et-viens de la mer sur des galets. Aujourd'hui le baromètre chûte d'heure en heure, malgré le grand ciel bleu, nous nous sommes réfugiés dans une petite crique, bien à l'abri, bien ammarés de part et d'autre à la falaise. Serait-ce la colère de la sorcière qui se prépare?
Ce recit date d'une semaine, couvre du 14 au 19 Octobre, la suite dans le prochain message!
Mathieu
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