On dit que c'est la ville la plus australe de la planète, avec ses 60000 habitants environ et un air de fin du monde en effet. Impossible d'acheter un pull-over ou un souvenir sans écrit dessus "Ushuaia fin del mundo". La neige s'accroche à toutes les montagnes, et Ushuaia ressemblerait presque à un village de haute montagne, avec ses chalets et ses maisons en bois, sa station de ski, et l'omniprésence des mouffles et des bonnets. La météo est capricieuse : vent, neige, pluie, grêle, soleil se succèdent à grande vitesse et il ne se passe pas un jour où on puisse dire : "aujourd'hui il fait beau", ou "aujourd'hui il ne fait pas beau".
Le ponton du club de voile est un véritable repère de loups de mer. Ce sont pour la plupart des bateaux "charter", qui emmènent des passagers visiter les confins du monde : Géorgie du Sud, Antarctique, îles Sandwich, Cap Horn... Ici tout est normal : les aller-retours en Antarctique, les 40 noeuds qui soufflent en permanence et les coups de vents à 60 noeuds, en vérité dans la bouche de nos voisins de ponton passer le Cap-Horn semble être une ballade tranquille. Echange de cartes marines et de bons conseils, permettent au Brise de Mai de repartir sereinement pour la suite du voyage. Nous embarquons 200 litres supplémentaires de gasoil, et des vivres pour un mois et demi car Ushuaia est notre dernière vraie ville avant Puerto Natales, fin janvier.
Le 3 décembre, le Brise de Mai s'apprête à traverser le canal Beagle pour aller à Puerto Williams au Chili, emmenant à son bord Henri, le nouvel équipier, et Jean, un skipper pro qui veut rejoindre son bateau à Puerto Williams. En arrivant à Ushuaia fin novembre, nous avions subi une claque à presque 70 noeuds dans le canal Beagle. Nous nous attendions donc au pire mais... c'est plutôt dans la pétole que nous finissons cette traversée.
Puerto Williams est encore plus au sud que Ushuaia, et donc c'est bien ici la ville la plus australe de la planète, avec 2000 habitants dont 1000 militaires et 1000 civils. La ville abrite aussi le club de voile le plus austral du monde : il s'agit d'un vieux bateau de l'armée chilienne, qui a été échoué au fond d'une rivière, et auquel s'amarrent les voiliers. Dans le vieux bateau, un bar a été aménagé ainsi que des cabines WC/douche : le grand luxe.
Le lendemain déjà, nous repartons en direction du Cap Horn, qui n'est plus qu'à 200km. A la sortie du canal Beagle, on peut voir la mer fumer au loin : ce sont les williwaws qui devalent les montagnes avec violence, et ce sont de véritables tornades qui balaient le Brise de Mai à sec de toile. Nous nous arrêtons le soir à Puerto Toro, qui comme nous le rappellent les panneaux, est le village le plus au sud de la planète. L'endroit compte une dizaine de familles dont 8 militaires et 2 pêcheurs. Puis nous repartons le lendemain matin pour les archipels Wollaston et Hermite. Navigation très tranquille malgré la réputation infâme du lieu, et la légère brise qui nous poussait au début finit par nous abondonner pour de bon. Phoques et dauphins curieux se cotoient un moment pour jouer dans notre étrave. Malgré une mer plate comme un miroir, on peut s'imaginer les tempêtes qui passent ici car les arbres sont tous complètement courbés par les vents d'ouest. Nous nous abritons dans un mouillage à moins de 20 km du Cap Horn, où nous devons attendre une bonne fenêtre météo.
Jean-Baptiste
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